Par Me Oudy Ch. Bloch
Le 27 mai 2021, juste après les dernières violences entre les palestiniens et israéliens, le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU crée « une commission d’enquête internationale indépendante pour enquêter dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et en Israël, sur toutes les violations présumées du droit international humanitaire, et sur toutes les causes profondes du conflit, notamment la discrimination et la répression systématiques fondées sur l’identité nationale, ethnique, raciale ou religieuse ».
A la simple lecture du mandat donné à cette commission d’enquête indépendante, on sait qu’elle ne sera pas indépendante.
Tout d’abord parce que – et ce n’est pas anecdotique -, il n’existe pas de territoire palestinien occupé. Il y a des territoires disputés, des territoires contestés mais une approche historique, juridique et objective du statut de la Judée Samarie devrait interdire de parler de territoire occupé. Et pour cause, la Judée Samarie – pas plus que le reste du pays d’ailleurs – n’a jamais été un territoire palestinien. Elle était ottomane jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, puis sous mandat britannique de 1922 à 1947, annexée par la Jordanie de 1948 à 1967 laquelle Jordanie n’a jamais envisagé d’en faire un État palestinien, et reconquise enfin par Israël en 1967, réintégrant en son sein un territoire historique, le nom de Judée venant de l’hébreu « Yéhudi », qui signifie Juif. Les mots ont leur importance. Et un pays qui reprend possession de son propre territoire ne l’occupe pas, contrairement à la Russie en Crimée et bientôt dans le Donbass, la Chine au Tibet ou la Turquie dans la partie nord de Chypre, pour lesquelles on attend encore les commissions d’enquête.
De surcroît, l’intitulé de la commission pose déjà comme postulat l’existence d’une politique d’Apartheid en Israël, accusation mensongère et rejetée par de très nombreux arabes israéliens eux-mêmes.
Enfin, et ce n’est pas la première fois, le choix du président de la commission par le Conseil des Droits de l’Homme pose un vrai problème d’impartialité.
En 2008, Richard Falk était désigné par l’ONU « rapporteur spécial sur la situation des Palestiniens ». Il avait auparavant justifié les attentats suicides, comparé le traitement des palestiniens à celui des Juifs par les nazis et affirmé que les israéliens menaient une politique génocidaire, rien que ça. Il l’était encore en 2011, quand il publiait sur son blog une caricature comparant les Juifs à des chiens et promouvait un livre si antisémite que même Omar Barghouti, le co-fondateur de BDS, l’a dénoncé comme tel. Enfin et pour lui, bien sûr, le Hamas n’est pas une organisation terroriste.
Quant à Navi Pillay, la présidente de cette nouvelle commission d’enquête, il est difficile de lui décerner un brevet de neutralité. Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme de 2008 à 2014, elle a soutenu et promu les conférences de Durban de 2009 et 2011 connues pour leurs dérapages antisémites et négationnistes. Intervenant devant le Conseil de sécurité de l’ONU, en juillet 2010, sur « la protection des civils dans les conflits armés », elle y évoque notamment l’Afghanistan, la Guinée, Haïti, le Sri Lanka, et le Soudan mais c’est uniquement concernant Israël qu’elle implore le Conseil de sécurité de l’ONU d’intervenir. Le reste de ses déclarations et actions est à l’avenant. Aux accusations d’apartheid contre Israël et au soutien du mouvement BDS, elle ajoute que le traitement des palestiniens par Israël est inhumain et appelle Joe Biden à intervenir pour mettre fin à « la discrimination et l’oppression institutionnalisée d’Israël contre les Palestiniens ».
De tels partis-pris devrait la disqualifier d’office pour présider – et même appartenir à – une commission d’enquête sur Israël ou plutôt contre Israël – comme cela aurait aussi dû être le cas pour Falk. D’ailleurs les deux autres membres de l’actuelle commission, devraient eux aussi être écartés. En effet, l’australien Chris Sidoti a travaillé en étroite collaboration avec des ONG palestiniennes et est qualifié « d’ami et d’allié » par la Commission indépendante des droits de l’homme de l’Autorité palestinienne. Quant à l’indien Miloon Kothari, il a accusé Israël de « massacre » et de « nettoyage ethnique » et prétendu que le système juridique israélien était théocratique et ethnique – ce qui prouve non seulement ses préjugés mais également son incompétence.
On attend donc impatiemment ce nouveau rapport qui trouvera sa place, comme les précédents, dans les poubelles de l’Histoire.